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Bonjour, êtes-vous en activité ou avez-vous arrêté les chantiers ?
Pierre Patier : Nous avons stoppé l’activité une semaine, suite au premier discours présidentiel. Des points avaient besoin d’être éclaircis, nous avions tous des interprétations différentes. J’ai estimé que je n’étais pas en mesure de protéger mes salariés, et j’ai décidé d’attendre les mises au point de notre fédération. Durant la semaine, j’ai travaillé sur un plan de reprise d’activité et défini des protocoles.

Quelles mesures vous ont permis de reprendre le travail de façon sécurisée ?
Les équipes embauchent en décalé, cela limite les contacts entre collègues. J’ai aussi décidé que les équipes restent les mêmes durant toute cette période particulière. Si un des collaborateurs devait être malade — malgré les mesures prises — il ne risquerait pas de contaminer l’ensemble de l’entreprise. La mise en place de ces mesures fait qu’à l’heure actuelle nous pouvons travailler.

Vous êtes-vous heurté à des réticences sur les chantiers ?
À cette période de l’année, nos chantiers sont en majorité chez des particuliers (sur des résidences secondaires) et sur du neuf. Nous travaillons en extérieur, donc la co-activité est limitée, ce qui nous sécurise. Nous n’avons essuyé aucun refus de la part de nos clients. J’ai réorganisé le planning pour travailler en voyant le moins de monde possible.

Vous avez réussi à mettre en œuvre les préconisations sanitaires de l’OPPBTP ?
J’avais des masques en stock, et je viens d’en commander des lavables. J’ai trouvé du gel hydro-alcoolique et des désinfectants. J’impose le port du masque lorsque les compagnons ne peuvent respecter les distances préconisées et lors de tous les déplacements professionnels. Il peut arriver que deux personnes soient dans un camion, donc pas question de prendre de risque : masque et gants sont portés par tout le monde. Nous désinfectons les habitacles des véhicules tous les jours.

Et concernant vos matières premières et vos fournitures ?
Dès les premières annonces, nous avons fait du stock pour anticiper la crise à venir. Nous réutilisons de l’ardoise de Corrèze pour laquelle il n’y a pas de rupture. La tuile est fabriquée en série donc pour l’instant les grossistes ont des stocks, il en est de même pour l’ardoise d’Espagne… les fournisseurs répondent à l’appel, ils ont juste besoin d’un peu plus de temps pour nous livrer...

Vous passez donc cette crise sans trop de casse ?
Pour l’instant, nous traitons des chantiers signés avant la crise. Comme les autres artisans, nous ne prenons pas de nouvelles commandes. Un gros creux d’activité est à prévoir dans 7 à 8 mois et les enjeux futurs sont de taille. Il est encore trop tôt pour donner un pronostic, par contre je sais qu’il faudra longtemps pour que tout le monde se remette de cette crise.